Les jeunes sportifs et les Réseaux Sociaux

Questionnement sur l'impact de l'utilisation des RÉSEAUX SOCIAUX par nos jeunes athlètes

 

Dans le cadre du travail sur le rôle et la place des parents dans la performance sportive, je vous propose d’aborder une question qui nous concerne tous : les jeunes sportifs et les réseaux sociaux.

Au travers de plusieurs interrogations, voici une réflexion destinée aux parents, aux jeunes sportifs, aux encadrants, …

Incontournables aujourd’hui, ils font partie du quotidien de chacun et les jeunes ne sont pas moins concernés, pas moins vulnérables. Les sportifs d’autant plus puisqu’ils peuvent jouir grâce à ces outils d’une réputation, d’une notoriété croissante ; voire envahissante.

Parents, adultes utilisateurs sont bien avertis de l’aspect addictif de ces outils de communication, vecteurs de messages et d’images avec différents avantages ou travers.

Questionnement pour comprendre la façon dont les jeunes les utilisent 

  • Notoriété, Image, Réputation : qu’est-ce qu’on choisit de privilégier ?
  • Comment j’utilise les réseaux sociaux ? Avec qui j’échange ? Pourquoi ?
  • Ai-je des objectifs quand j’utilise les réseaux sociaux ?

Questionnement sur les risques potentiels 

  • Est-ce que les « Likes » sont addictifs ?
  • Peut-on devenir dépendant de l’image que l’on renvoie ?
  • Comment gérer les critiques ? Les messages de « Haters » ?


Quelques éléments de réponse et de réflexion ...

Quand on les interroge voici les réponses des jeunes quant à leurs habitudes d'utilisation des réseaux sociaux :

. Communiquer avec ses amis. Alors que nous adultes et parents aurions tendance à privilégier les SMS, eux sont connectés.

. Suivre des centres d’intérêts, passions et personnes connues qui peuvent être source d’inspiration (role model).

. S’inspirer. Mode, tendances ...

. Se divertir. S’amuser. Avec un choix très vaste : stories, vidéos, partages, jeux ...

. S’informer

. Développer sa notoriété

. Partager ses passions

. Se challenger avec les autres (rivaux, amis, coéquipiers, groupes, ...)

. Gérer son image

. Garder un lien. Avec des amis ou des personnes +/- proches malgré l'éloignement et parfois le manque de temps pour se rencontrer.

Les générations précédentes avaient aussi leurs médias et outils de communication mais la très grande différence se joue sur l'immédiateté et sur l'aspect continu des réponses et des interactions.

Quels risques peuvent présenter les réseaux sociaux ?

Comme tout média et outil de communication ils deviennent dangereux s'ils sont utilisés de manière trop excessive.

Un autre phénomène qui se joue avec les réseaux sociaux est une résonnance immédiate sur l’estime de soi. Consciemment et inconsciemment les enjeux se situent à travers des interrogations qu’elles renvoient :

-       Suis-je aimé ? par qui ? pour quoi ?

-       Suis-je populaire ?

-       Suis-je plus ou moins suivi que … ?

Ainsi c’est une autre forme de compétition qui peut se jouer entre utilisateurs. Entre les publieurs et les suiveurs. Le concours est lancé. Mais là commence un dilemme supplémentaire : le temps passé sur les écrans. Ce temps à se comparer aux autres ; à réclamer des Likes : ce besoin d’être approuvé par des Likes, cette impression parfois que notre vie dépend du nombre de followers.

Le temps passé devant les écrans peut créer un phénomène de distraction, de perturbation, euphorie, déprime, dépression, dangers de dissociations entre la personne et son image. Basculer vers une utilisation trop intensive peut impacter le sommeil. Et comme l'estime de soi et la confiance en soi : la qualité de sommeil est une composante clé de la performance.

 

Image / réputation / Haine - Quel impact sur l’estime de soi ?

Le jeu des comparaisons peut entrainer une perte d’estime de soi. Un exemple : une pensée obsédante sur un défaut imaginaire ou une légère imperfection de l’apparence physique : le désir de plaire, de ressembler à sa célébrité favorite. Ce jeu peut entrainer de la perte de confiance et une distraction qui pourra avoir des répercussions sur la concentration et l’engagement.

Il y a les followers, mais il y a aussi des personnes versatiles et des "Haters". Jouer avec son image et suivre l'appréciation qui en est faite a clairement un impact. Quelle personne est insensible au flot de commentaires, de compliments et surtout de haine qui peut accompagner les publications ?

Gérer et suivre sa notoriété demande du temps ; surtout pour un jeune dont l’estime personnelle devient dépendante de l’avis et du comportement des followers. Cette course illimitée pour la performance des publications peut clairement avoir un impact sur l’hygiène de vie et le mental. Cette dépendance qui peut devenir de l’ultra-dépendance peut faire varier de manière radicale et incontrôlable l’humeur et accroitre une instabilité émotionnelle : une forme d’ascenseur émotionnel.

Ascenseur émotionnel, attention focalisée davantage sur la notoriété et les Likes que sur sa progression sportive, manque de sommeil : à court ou moyen terme peuvent avoir des répercussions sur la performance.

Quels conseils ?

Il me semble important de bien faire comprendre et de rappeler que :

·      Celui qui fait une publication cherche à renvoyer une image,

·      C’est cette image qui est critiquée, commentée, … pas nécessairement la personne qui publie

Les publications sur les réseaux sociaux suscitent des émotions, interprétations, souffrances, joies et illusions.

Savoir que la haine est principalement orientée vers l’image qu’elle renvoie aux autres tend à atténuer cette perception de haine et par conséquent la déception et la frustration que génèrent les critiques quand une publication déplait ou est jalousée.

Relativiser aussi bien la popularité, la haine, que le rejet. Cette image en perpétuelle mouvement est un instantané … mais qui peut affecter plus profondément. Mentalement.

L’idée n’est pas de dire qu’il ne faut pas utiliser les réseaux sociaux ou de conseiller aux parents de les interdire à leurs enfants - de toute façon, ce serait impossible. Il parait plus judicieux de rappeler aux jeunes que ce qu’on voit dessus n’est pas forcément la réalité, mais plutôt de la mise en scène.

Prévenir une conduite addictive ou une ultra dépendance. Parfois il ne faut hésiter à comparer cette utilisation à une addiction et ses travers de dépendance et d’autodestruction comme l’alcool, la drogue, plus évidente à visualiser. 

Surveillance du comportement : essayer de détecter si le jeune montre des fluctuations du moral trop radicales.

Les aider à développer des comportements responsables ne serait-ce que comment échanger avec les autres en ligne, faire attention à ce qu’on publie …

Idéalement : fixer des heures limites d’utilisation, instaurer des règles et un cadre à respecter, particulièrement à l’heure du coucher …

Mais aussi : être nous-même de bons modèles car les jeunes ont tendance à reproduire le comportement d’utilisation de nous parents.

Pour conclure : 

Les réseaux sociaux présentent des dangers pour ceux qui les pratiquent de manière excessive. Il est évidemment recommandé de limiter cette pratique qui peut devenir très vite une addiction.

Toutefois, les réseaux sociaux ne sont pas que négatifs. La continuité du lien social sur les réseaux après les moments à l’école, les entrainements renforce les amitiés, qui peuvent être un soutien face aux difficultés de l’adolescence. De plus, l’adolescent se sent entouré par ses amis, avec qui il peut partager les moments forts qu’il a vécu.

Laisser une liberté qui n’empêche pas la mise en place d’une surveillance discrète. Sur les réseaux sociaux comme dans la vraie vie, l’essentiel serait pour les parents de savoir évoquer les dangers, sans tomber dans la psychose …

En préparation mentale et donc dans l’apprentissage de la gestion des émotions on propose souvent de se rappeler ou d’ancrer cette idée que ce n’est pas ce que les autres nous renvoient qui compte mais de ce que l’on en fait. Les réseaux sociaux viennent directement toucher au niveau émotionnel.

Alors qu’est ce qui compte le plus ? ce qui est publié, écrit, liké ? ou ce que l’on fait de ce que l’on ressent ? Quoiqu’il en soit dans l’utilisation des réseaux sociaux il y a un juste milieu à trouver.